Soutien au soulèvement « Femme, Vie, Liberté » Non aux exécutions capitales !

Sont reproduits ci-dessous les deux derniers paragraphes d’une tribune publiée par Médiapart signée notamment par des représentant.es de Solidaires et du Réseau syndical international de solidarité et de luttes1. Ils sont précédés d’un très rapide résumé du début de ce texte.

Depuis le 16 septembre, un soulèvement populaire fait trembler la République Islamique. En moins de 48 h, le mot d’ordre «Femme, Vie, Liberté » s’est propagé dans tout le pays. Rapidement d’autres slogans ont fleuri : «Mort au dictateur », «Mort à l’oppresseur, que ce soit le Chah ou le Guide suprême », «Pain, Travail, Liberté », «Pauvreté, corruption, vie chère, nous irons jusqu’au renversement ».

Ce mouvement de contestation radical rassemble des femmes, des jeunes, les minorités nationales, des travailleuses et travailleurs avec ou sans emploi, dans un rejet total de ce régime théocratique, misogyne et totalement corrompu. Au 20 janvier, la répression avait fait plus de 500 mort·es dont 69 mineur.es, des milliers de blessé.es, plus de 19 000 prisonnier.es et disparu.es, des enlèvements. Des prisonnier.es sont torturé.es, violé.es, battu.es à mort. Des personnes sont condamnées à la peine capitale pour avoir manifesté, et les premières exécutions ont eu lieu. Au Kurdistan iranien et au Sistan-Baloutchistan, le régime mène une guerre sanglante contre la population révoltée.

Les peuples d’Iran doivent être maîtres de leur destin

Dans ce contexte et face au spectre d’une révolution politique et sociale en Iran, les dirigeants des grandes puissances œuvrent, plus ou moins discrètement, à la constitution d’un Conseil de transition rassemblant tous les courants de l’opposition de la droite iranienne, dont les monarchistes.

Ces courants, libéraux sur le plan économique et autoritaires sur le plan politique, sont à l’opposé des dynamiques des mobilisations et des aspirations sociales et démocratiques qui s’expriment en Iran. Du coup d’État de 1953 organisé par la CIA et les services secrets britanniques contre le gouvernement Mossadegh et sa politique de nationalisation du pétrole, en passant par la conférence de Guadeloupe en 1979 où les chefs d’Etat de France, d’Allemagne, de Grande Bretagne et des États-Unis ont accéléré le départ en exil du Chah et l’avènement de Khomeiny, les grandes puissances ont toujours agi, sans surprise, en faveur de leurs propres intérêts contre ceux des peuples d’Iran.

A l’opposé des solutions imposées de l’extérieur, nous défendons une véritable campagne de solidarité internationale avec toutes celles et ceux qui se mobilisent en Iran pour en finir avec la République Islamique

Être à la hauteur de la détermination et du courage du peuple iranien

L’issue du soulèvement en cours sera déterminante pour les peuples de la région et du monde. Il est donc de notre responsabilité, à la mesure de nos moyens, d’aider le soulèvement « Femme, Vie, Liberté » à réaliser ses aspirations émancipatrices.

En effet, la machine à répression qu’est la République Islamique ne sera pas brisée sans une puissante campagne internationale et sans une mobilisation forte des opinions mondiales.

  • Nous exigeons l’arrêt immédiat des condamnations à mort, des exécutions et l’abolition de la peine capitale.
  • Nous exigeons la libération immédiate de l’ensemble des prisonnier. es politiques et syndicaux, des enseignant.es, des étudiant.es, des médecins, des artistes, des activistes et manifestant.es incarcéré.es, etc.
  • Nous demandons la mise en place d’un comité international composé de juristes, de syndicalistes, de journalistes et d’ONG pour mener une enquête indépendante sur les lieux de détentions en Iran.
  • Nous soutenons le combat des femmes pour le droit à disposer de leur corps. Nous exigeons avec elles l’abolition de toutes les lois misogynes ainsi que l’apartheid de genre.
  • Nous soutenons les droits fondamentaux et démocratiques des Iraniennes et Iraniens, qu’ils/elles soient Kurdes, Baloutches, Arabes, Azéris, Lors, ou Perses.
  • Nous soutenons les travailleurs et travailleuses d’Iran dans leur lutte pour la dignité, leurs droits à se défendre par la grève ainsi que par la construction de syndicats et d’organisations politiques.
  • Nous exigeons avec force des pays européens le gel des avoirs des plus hauts dirigeants des Gardiens de la Révolution et de la République Islamique, y compris ceux du Guide Ali Khameneï et de son entourage dont le montant total est évalué à 95 milliards de dollars. Ces fortunes acquises par le pillage des ressources, la surexploitation des salarié.es, la prédation et la corruption doivent revenir aux peuples d’Iran.
  • A l’instar de ce qui a été fait contre les oligarques russes, nous exigeons le gel des avoirs des oligarques iranienn.es.
  • Nous réclamons la levée du secret bancaire et commercial en France, en Europe et dans le monde pour bloquer les richesses accumulées par les dirigeants de la République Islamique, des Gardiens de la révolution et des entreprises qui leurs sont liées.
  • Nous exigeons l’arrêt de toute collaboration industrielle, économique et diplomatique avec la République Islamique. (...)


https://solidaires.org/sinformer-et-agir/actualites-et-mobilisations/internationales/tribune-unitaire-iran-soutien-au-soulevement-femme-vie-liberte-non-aux-executions-capitales/

Une liste actualisée des signataires est disponible sur https://www.europe-solidaire.org/spip.php?article65379