Coin lecture

Editions Anne Carrière, 2021, 206 pages.

Quelle bonne question que pose l’autrice!

Et combien de difficultés a-t-elle dû affronter pour le savoir et le partager ?

Le-cout-de-la-virilite-Ce-que-la-France-economiserait-si-les-hommes-se-comportaient-comme-les-femm

Elle décortique les mécanismes de la construction sociale des femmes et des hommes, au travers par exemple des préjugés dela préhistoire avec l’histoire de la Dame de Cavillon. Elle nous fait réfléchir aux représentations des émotions qui seraient plutôt féminines et des rationalités, qui seraient plutôt masculines mais en quoi le comportement jaloux et possessif est-il rationnel ?
La haine n’est-elle pas une émotion ?
Le rôle de l’éducation est prépondérant dans l’acquisition de comportements virils, valorisant la force, la prise de risque (par la consommation de produits comme l’alcool ou la drogue ou les comportements dangereux dans le sport ou le combat), la transgression des normes sociales et dévalorisant la faiblesse ; cette injonction à la virilité induit ainsi la nécessité de la violence pour s’affirmer comme homme.

De même « qu’on ne nait pas homme violent, on le devient », elle montre également « qu’on ne nait pas femme pacifique, on le devient » (pages 67 et 99). Entre dévalorisation et rapport « pathologique » à son corps (anorexie, maigreur, chrirurgie esthétique...), les femmes sont éduquées à l’empathie aux autres, à l’écoute et à la compréhension et au respect des normes sociales.

La prédominance des comportements asociaux parmi les hommes n’est plus à prouver : « le total de représentation des hommes parmi les personnes mises en cause dans une procédure judiciaire pour avoir commis ou tenté de commettre une infraction pénale est de 83% ». Selon les statistiques du Ministère de l’Intérieur, les hommes sont les auteurs de 99% des viols , 86% des homicides volontaires, 97% des violences sexuelles, 87% des atteintes à la sûreté de l’Etat, 65% des vols à l’étalage, ou encore 63,5% de fraudes sur des chèques...

Pour résumer « si tous les hommes ne sont pas des criminels et des délinquants, la quasi-totalité des criminels et des délinquants sont des hommes » (page 112).

Il s’agit donc de la première étude qui cherche à calculer le coût financier de ces comportements asociaux pour l’ensemble de la société. La première difficulté a été d’identifier l’étendue des dommages et pour cela de chiffrer le coût d’une vie humaine. Une autre difficulté a reposé sur le manque de données chiffrées sexuées.

Le montant du coût de la virilité, évalué par l’autrice (qui demanderait des études encore plus fines et plus exhaustives) s’élève à 95,2 milliards d’euros. Il se répartit entre les dépenses de l’Etat pour la défense (les forces de l’ordre : 8,6 Md€), la sécurité (services de secours et d’incendie : 0,4Md€) et la justice (7 Md€ dont 3,5 pour l’administration pénitentiaire) et les coûts humains et matériels (76,9 Md€).

A titre de comparaison, ce montant représente plus d’un tiers des recettes nettes perçues par l’Etat (qui s’élèvent à 250 milliards d’euros).

Sont également évoqués les coûts de la virilité au niveau mondial, notamment du fait des guerres mais aussi du saccage des ressources naturelles.

Pour la France, le gain potentiel qui serait économisé par des changements profonds de comportements permettrait de financer le revenu universel (évalué entre 36 et 42 milliards d’euros par an) et de prendre en charge le déficit des hôpitaux (soit 29 milliards d’euros).

Cette approche économique de la violence et de ses conséquences ne suffira pas à faire changer les choses mais elle permet une prise de conscience de la réalité et donne des arguments supplémentaires et concrets dans la lutte contre toutes les violences.

Nous pourrions ainsi vivre dans une société plus pacifique et plus riche, mais aussi où nous serions toutes et tous plus libres.

Pour Lucie Peytavin « le coût de la virilité n’est pas une fatalité » !