Notes de lectures

Betizu, dernier bovin sauvage d’Europe

Imanol Amestoy, Germaine Hacale, Jean-Pierre Péré Jakintza : savoir et faire savoir

Numéro 98, avril 2022, 32 p. http ://jakintza.fr

Le nom Betizu vient de la contraction de behi (vache) et izu (sauvage, indomptable) en basque. Cette publication nous présente donc les derniers ovins non domestiqués d’Europe et ceux-ci vivent dans la montagne du Pays-Basque nord. Il y en a 85 réparties en deux troupeaux. Comme quoi tout n’a pas encore disparu !

Green washing :

manuel pour dépolluer le débat public sous la direction d’Aurélien Berlan, Guillaume Carbou et Laure Teulières

Seuil, collection Anthropocène, 2022, 244 p.

« Le green washing n’est plus seulement un outil cosmé- tique ou défensif de protection du buisness as usual mais la pointe acérée de son développement. Il se transmute aujourd’hui en un appel à la relance économique, forcément verte. Principal récit en train de se cristalliser : l’horizon d’un monde écologisé grâce à des énergies décarbonées, des technologies « intelligentes», une économie « circularisée » et la capture du carbone.»

Cet ouvrage composé de courts textes sur des notions clas- sées par ordre alphabétiques permet de bien saisir les enjeux actuels et les logiques sous-jacentes. La pensée en silo qui saucissonne les problématiques ainsi que le techno-solutionnisme sont ad- mirablement critiqués ici. C’est un peu plombant mais on ressort conforté dans notre volonté d’aborder les questions écologiques à la racine. Un vraie politique écologique doit remettre en cause le développement techno-capitaliste sous peine de ne rien régler voir de renforcer les inégalités face aux catastrophes en cours.

Homo confort :

le prix à payer d’une vie sans efforts ni contraintes Stefano Boni, traduit de l’italien par Serge Milan L’Echappée, collection Pour en finir avec, 2022, 249 p.

Nous constatons tous les jours que vivons dans une société hyper-technologisée ou l’effort dans les activités quotidiennes a quasiment disparu. Dans ce remarquable essai Stefano Boni démontre comment la recherche du confort nous anesthésie et nous prive petit à petit de nos facultés sensitives. Dans sa postface il précise sa pensée ainsi : « Mon but n’est pas de porter un quel- conque jugement négatif sur le confort ou de condamner celui-ci. Je ne suis pas un moraliste et n’ai aucun mal à dire que profiter du confort et de la détente physique qu’il procure fait partie des joies de l’existence. Mais pour pouvoir en jouir, je ne suis pas prêt à renoncer à la richesse de l’expérience qui résulte de l’activation de mes cinq sens, ni à bouleverser des équilibres écologiques pro- fonds, ni à voir disparaître des savoir-faire millénaires ainsi qu’un nombre incalculable d’espèces animales et végétales, ni surtout à sacrifier mon autonomie productive et politique. Je ne peux véri- tablement jouir du confort que lorsqu’il ne devient pas synonyme de soumission, de mutilation, d’ignorance ou de perte de dignité». Un point pas abordé et qui est particulièrement révoltant pour nous syndicaliste c’est de voir qu’il reste des métiers physiquement insoutenable dans nos sociétés modernes du confort aliénant. Il nous faut au donc au plus vite abandonner cette recherche, sou- vent individuelle, du confort pour lutter collectivement pour un monde viable où la vie fait sens.