Je vous écris depuis le cabinet…

Ne trouvez-vous pas qu’on s’adresse beaucoup à nous ces temps-ci ? Les vœux du ministre (en retard), les messages à deux balles de Stanislas Guérini pour tenter de nous expliquer pourquoi travailler deux ans de plus va nous faire du bien et, dernièrement, Valérie Hatsch qui nous salue gentiment depuis son nouveau cabinet !

Après avoir œuvré moult années dans les rangs de la police, et notamment des RG et de la DCRI (Direction Centrale du Renseignement Intérieur), Mme Hatsch a ensuite troqué sa tenue de policière pour celle de préfète. Désormais, elle est à la manœuvre aux côtés de Marc Fesneau. Dont acte.

La tonalité du message qu’elle nous a adressé le 10 février est résolument positive : elle a confiance en nous et n’hésite pas filer la métaphore lorsqu’elle évoque le « creuset des réussites collectives ». La missive électronique s’achève avec une brochette de mots : « responsabilité », « inventivité », « enthousiasme » et « résilience »… Rien que ça ! N’en jetez plus, la coupe est pleine !

Responsables, nous le sommes toutes et tous, au service de l’État et du public. Inventives et inventifs, nous le sommes également, pour pallier notamment le manque de moyens permanent depuis des décennies. Enthousiastes, par les temps qui courent, nous avons du mal à le rester, en particulier à l’heure où l’on nous annonce qu’il va nous falloir travailler plus longtemps, au risque de ne jamais arriver à la retraite (l'espérance de vie en bonne santé est de 65 ans en moyenne). Résilient·e·s, il nous faut l’être par la force des choses, dans un contexte très difficile et dans lequel nous peinons pour mener à bien nos missions de service public. Pour toutes ces raisons, l’optimisme affiché par la directrice de cabinet semble un tantinet déplacé.

Quant à la « ferme France » du message, elle est malade. Pourrie par les entreprises de l’agroalimentaire qui s’enrichissent en toute indécence, alors que l’inflation galope et que le panier des courses voit son prix flamber. Empoisonnée par les lobbys des insecticides et autres herbicides, qui ne reculent devant rien pour s’en mettre plein les poches, comme quand a été sacrifiée la santé de nos frères et sœurs des Antilles, douché·e·s au chlordécone pendant des années et que la justice tente de museler (imaginez si cela s’était passé en Lozère…) Fragilisée par des politiques incohérentes, à l’heure du changement climatique, pour le plus grand profit des multinationales pollueuses et de leurs actionnaires.

Finalement, ce courriel de la nouvelle directrice de cabinet est complètement décalé, et même aux antipodes de nos réalités professionnelles et sociales...

Un message clair de la France d’en haut à celle d’en bas !