11 Mai dans le Puy-de-Dôme : Marche festive et déterminée pour la défense de l'eau

Ce samedi 11 mai à 9h30 à la gare de Chignat à Vertaizon, SUD Recherche et l'union syndicale Solidaires vous appellent à venir participer à la randonnée festive et déterminée pour la défense d'un accès équitable à  l’eau et la préservation de la ressource  près de Billom, aux côtés de la Confédération Paysanne, de Bassines Non Merci 63, des Soulèvements des Volcans et d’autres associations locales.


Giga-bassines : ni ici, ni ailleurs !
Alors que la gestion de la ressource en eau est un défi majeur pour l'humanité au XXIème siècle, son appropriation par des intérêts privés devient de plus en plus problématique pour les écosystèmes, l'alimentation en eau potable et la santé. Les réserves artificielles sont un exemple frappant de cette dérive, dont les conséquences sont loin d'être mesurées. Cette mobilisation s'inscrit en opposition à deux giga-bassines de 18 ha et 14 ha qui sont en projet dans les alentours de Billom. Bien loin de la mare aux canards ou des petites retenues collinaires, ces giga-bassines qui seraient connectées à l'Allier pour détourner ses flux, annoncent une superficie totale équivalente à 11 places de Jaude, ce qui en feraient les plus grandes de France ! Le coût des 2 bassines est estimé à près de 25 millions d’euros dont 50% subventionné par de l'argent public. Divisés par les 36 agriculteurs bénéficiaires, cela revient à un soutien public compris entre 300 000 et 400 000€ par agriculteur bénéficiant du projet, et un reste à charge par agriculteur de près de 300 000€. En comparaison, le montant moyen de la dotation jeune agriculteur (DJA : subvention à l'installation) s'élève à 44 000€ en région AURA, et il faut savoir que c'est l'une des DJA les plus élevées de France.  Le volume d’eau stockée ne viendra pas se substituer, mais s’ajouter au volume prélevé en été pour accroître la part des cultures irriguées, en particulier la culture intensive du maïs porte-graine, très gourmand en eau en été, et en produits phytosanitaires.
Au-delà de Billom, cette fuite en avant productiviste s’emballe, encouragée par des politiques agricoles, entraînant la destruction des écosystèmes et le déclin spectaculaire du vivant. Nous sommes toutes et tous concerné·e·s par la gestion de l’eau et de l’environnement. Que ce soit pour notre alimentation ou pour la préservation d’une biodiversité qui ne cesse de se réduire.  L’agro-industrie a décidé de lancer une vaste entreprise d’accaparement de l’eau au détriment de la qualité et du partage de ce bien commun. Les mégabassines, énormes bassins artificiels, plastifiés et imperméables, financées principalement avec de l’argent public, ont pour but de maintenir coûte que coûte une irrigation intensive de monocultures et/ou cultures à haute valeur ajoutée, détenues par une minorité d'exploitants agricoles et destinées, pour l’essentiel au marché mondial des semences, à l'industrie agro-alimentaire ou à l'alimentation animale.
Des points de vue hydrologique, agronomique et économique, les mégabassines sont une sérieuse attaque envers la préservation de l’eau et notre souveraineté alimentaire. Elles sont une non réponse aux sécheresses présentes et à venir, en ce qu'elles contribuent à maintenir un système de production agricole intensif en complète contradiction avec les recommandations des agronomes. tout en fragilisant des écosystèmes entiers comme cela est le cas aujourd’hui au Chili et dans la péninsule ibérique qui ont plus de 35 ans de reculs sur les mégabassines.

Au final, on peut se poser la question de l’utilité réelle des bassines, qui consiste plutôt en une « rustine hydro-sociale » (voire du « greenwashing hydrologique ») alimentant la culture du déni de l’urgence de changer de modèle de société.
Infos pratiques
La randonnée se fera sur des chemins de terre facilement accessibles et sans dénivelé. Venez équipé·es de chaussures de marche et de tenue adaptée à la météo. La randonnée se déroulera sur la journée, le repas du midi n'est pas prévu. Il faut donc amener votre casse-croûte pour le midi et de l'eau pour la journée. Vous l'aurez compris, cette randonnée se veut artistique et festive, et pour l'occasion nous vous invitons toutes et tous à venir habillé·es, costumé.es et maquillé·es en BLEU Pour celles et ceux qui savent jouer, n'hésitez pas à ramener votre instrument de musique ! Un arrêté préfectoral interdit le port de toute arme (inclus les armes par destination) du 6 au 12 mai dans l'Est du département du Puy-de-Dôme (donc pensez à laisser le couteau de votre grand-père à la maison). Coordonnées GPS : 45.78445,3.287843

Informations complémentaire de l'association "Bassines Non Merci 63" en ligne : https://linktr.ee/bnm63


Un modèle à rebours de la transformation agro-écologique attendue

  • Accaparement d'un bien commun pour une minorité d’agriculteurs : 36 exploitations agricoles sur 5700 exploitations dans le Puy-de-Dôme.
  • En contrat avec une multinationale semencière de l’agro-industrie.
  • Qui encourage une agriculture « minière » : épuisement des sols qui ne peuvent plus retenir l’eau, destruction du vivant (haies, vie du sol, pérennité des cours d'eau..).
  • Qui dégrade la qualité de l’eau : empoisonnement des nappes et cours d’eau par les intrants chimiques/pesticides.
  • Pour des productions en grande majorité non destinées à l’alimentation humaine locale (la plupart des surfaces irriguées le seraient pour le Maïs semence à l’export).

Une aberration écologique

Une grande partie de l’eau stockée dans les méga-bassines sera perdue par évaporation et contaminée par eutrophisation et développement de cyanobactéries alors que :

  • Cette installation provoquera l'imperméabilisation de 32 ha
  • Le débit de l’Allier a baissé de 30% en 40 ans et pourrait diminuer encore de 30% voire plus d’ici 2050 d’après plusieurs modèles hydroclimatiques.
  • La recharge hivernale des nappes est de plus en plus limitée et pourrait diminuer de 20 à 30% d’ici 2070 dans le bassin versant de l’Allier» (d’après l’étude «Explore2070»).
  • Durant les deux hivers de 2021 et 2022 ces méga-bassines n’auraient pas pu être remplies (44% au 31 mars 2023 et 67% au 31 mars 2022) faute d’un débit suffisant dans l’Allier.
  • Plusieurs communes du 63 n’ont plus d’eau potable, certaines ont dû être réapprovisionnées par camion-citerne pendant plusieurs mois (dont Arlanc, Beurières, Saint-Just).

SUD Recherche : un syndicat de combat pour les salarié-e-s et la transformation sociale

Notre syndicat marche sur deux jambes : la défense des revendications des salarié-e-s et la transformation sociale, c’est à dire l’émancipation de l’homme et de la femme pour qu’ils puissent penser et agir sur leur environnement professionnel et être acteurs de leur vie. Pour SUD Recherche et notre Union Syndicale Solidaires, le combat écologique, pour la justice sociale et environnementale, est un combat syndical. Gouvernements et patronat sont prêts à tout pour empêcher une véritable reconversion écologique de la société. Leur objectif est de préserver les intérêts de quelques très riches, et de maintenir un modèle économique fondé sur l’accumulation du capital et une croissance infinie, impossible dans une planète aux ressources limitées. Pour lire davantage nos analyses et propositions :

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